La question des rythmes scolaires est une question importante à laquelle il convient de répondre.
Le devoir de vérité, de transparence s'impose aussi sur notre école.
Notre système éducatif, s'il possède nombre d'avantages et de spécificités, souffre également de nombreuses contraintes.
Aujourd'hui, une réforme scolaire d'envergure s'impose. Car nos élèves, nos enfants décrochent, si l'on en croit les classements
internationaux, dans l'ensemble des matières et des acquis.
En nous comparant avec nos voisins européens, et notamment ceux dont les résultats sont meilleurs que les nôtres, et en progression de
classement en classement, force est de constater que la question des rythmes n'est pas étrangère à ces résultats.
Nos élèves travaillent plus longtemps chaque jour, mais moins longtemps chaque année.
Nous pouvons, je le crois, nous accorder sur la nécessité de revoir les rythmes scolaires, de revenir à 4,5 jours de classes par semaine, ce
qu'avait d’ailleurs engagé le précèdent Gouvernement comme l’a rappelé Monsieur Testu. Même si ce n’est pas le seul sujet à traiter pour améliorer les apprentissages et la réussite de nos
enfants.
Malheureusement, je crois qu’ici à Nantes, vous avez fait de cette réforme une réforme
politique. Vous avez décidé de politiser une réforme dont l’enjeu est « le mieux apprendre ».
Pourquoi avoir, depuis les annonces ministérielles, refusé le débat sur ce sujet ?
C'est bien notre Groupe qui a fait en sorte que le débat vienne en conseil municipal. C’est bien notre Groupe qui a imposé ce débat
aujourd’hui.
Le fait d'être à Nantes dans la ville du Premier ministre justifie t-il de passer en force ?
Le fait d'être à Nantes dans la ville du Premier ministre justifie t-il de confondre vitesse et précipitation ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit !
Sur les 36 000 communes de France, à peine plus de 7 000 vont mettre en place la réforme à la rentrée prochaine ! C'est bien le signe que
cette réforme ne fait pas l'unanimité sur sa mise en œuvre.
La CGT, la CFTC, le SNUipp, la FSU, Force Ouvrière, le Haut Conseil de l’Éducation, les associations d’élus, et des élus de toutes tendances,
réclament le report à 2014.
J'ai également en mémoire les réactions des parents adhérents de la FCPE de Loire Atlantique qui ont unanimement demandé lors d'une réunion à
Malakoff le 14/02 dernier le report à 2014 de l'entrée en vigueur de cette réforme, réunion a laquelle l'adjointe au Maire de Nantes est restée moins
d'une heure.
Je me rappelle d’une demande très majoritaire de mettre en place la ½ journée supplémentaire le samedi. Pour les parents, le samedi permet de
discuter avec les enseignants et les autres parents. Pour les enseignants, cela permet de récupérer le lundi matin des enfants moins fatigués et donc plus vigilants. Cette question n’a pas été
abordée à Nantes où vous avez imposé le mercredi.
Pourquoi ne pas avoir concerté ?
À lire les déclarations de la 1ère adjointe dans la presse, on pourrait penser que concertation il y eu ! Mensonge ! Les
syndicats enseignants ne sont pas de cet avis. De nombreuses demandes de rendez-vous d'écoles, de parents d'élèves n'ont pas été honorées. Pas même de réponse.
Alors, avec mes collègues du Groupe Ensemble pour Nantes, nous nous faisons aujourd'hui le porte
voix des élèves, parents, enseignants, acteurs associatifs et syndicats, en vous demandant le report à 2014 de la mise en œuvre de cette réforme.
Car pour réussir cette réforme il faut du temps. Oui, il faut du temps pour réfléchir, pour construire.
Du temps pour discuter avec les parents, les enseignants, les syndicats, les écoles publiques et sous contrat d'association avec l'État,
l'ACCOORD, les associations culturelles et sportives des quartiers nantais.
Alors, vous allez nous dire qu'un questionnaire a été adressé aux parents d'élèves. Effectivement ! Mais ce questionnaire de 8 pages a été
pour beaucoup de parents très, trop compliqué à renseigner, c'est en tout cas ce que nous ont dit les enseignants et les parents d'élèves que nous avons rencontré. Les chiffres démontrent cette
complexité. Dans l’interview donné hier à Ouest France, la 1ère adjointe tente de sauver la face, de se justifier. Moins de 30% de réponses des parents. Près de 70% à Orvault, 78% à
Vertou… nous sommes bon derniers en Loire Atlantique et en France. Le questionnaire de Nantes était biaisé. Vous ne demandez même pas aux parents s’ils ont une préférence pour 2013 ou 2014. La
question du mercredi ou du samedi n’est pas plus posée. Le questionnaire ne porte pas sur la réforme mais sur la manière dont les parents s’organisent aujourd’hui et comment ils envisagent de
s’organiser demain.
Dans cette interview, on ressent l’impréparation, le non-aboutissement de la réforme. De nombreuses questions restent en suspens. Deux
questions reviennent beaucoup et nos informations nous laissent penser que vous prenez le mauvais chemin. Le mercredi midi, envisagez vous de n’assurer la restauration que pour les enfants
inscrits l’après midi au périscolaire. Obligeant les parents à récupérer leurs enfants à 11h45-12h le mercredi ?
Les centres de loisirs seront-ils ouverts le mercredi matin puisque près d’un tiers des élèves nantais, ceux inscrits dans les écoles sous
contrat d’association avec l’État, n’auront pas cours le mercredi en 2013 ? Ou les parents de ces enfants devront-ils trouver de nouvelles solutions de garde pour leurs enfants le
mercredi ?
Et puis, pour réussir cette réforme il faut le temps de mettre en place un vrai projet pour les
enfants. Je suis assez surpris, qu’à ce stade des débats, personne n’ait abordé le sujet du projet éducatif. Avec des vraies activités, car le temps de cours en moins ne doit pas se
transformer en temps de garderie en plus pour des enfants dont la journée de classe ne sera finalement pas diminuée.
L'enjeu, à nos yeux, est celui du projet éducatif, construit dans l’intérêt de
l’enfant. Il faut tout mettre en œuvre pour permettre une articulation avec les projets d'écoles. Or aujourd'hui, les
enseignants n'ont aucune information, aucun retour, aucune idée sur la manière dont les choses vont se mettre en place à la rentrée prochaine.
Il faut garantir la continuité éducative entre les projets des écoles, qui émane des équipes pédagogiques et qui par nature sont tous
différents les uns des autres, des activités proposées aux élèves en dehors du temps scolaire. Il faut offrir à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après
l'école.
Le projet éducatif doit être adapté à chaque projet d'école pour s'adapter aux spécificités de chaque établissement, pour lutter encore plus
efficacement contre les inégalités.
Cela ne s'improvise pas, cela ne se décrète pas, cela ne s'impose pas ! Cela se discute, cela se
travaille, cela se construit !
Et puis se pose bien sûr la question du financement de cette réforme ? Car vous tentez de faire comme si cette question n'avait pas d'intérêt.
Une demi-page d’interview pas un mot sur les aspects financiers. Mais dans quel monde vivez-vous, vous qui prétendez aux plus hautes responsabilités municipales ? Ne savez-vous pas que rien
n'est gratuit. Que tout a un coût ? Que notre pays se meurt de la dépense publique !
Vous avez annoncé que les Nantais ne paieraient pas !
S'ils ne paient pas les activités supplémentaires, ils paieront des impôts en plus puisque rien n’est gratuit.
Le Gouvernement pour sa part a annoncé une enveloppe dérisoire non pérenne. Le transfert de compétences ne sera donc pas compensé. Et quid des
aides de la CAF ?
Je vous le redis nous nous faisons aujourd'hui le porte voix de ces Nantais qui demandent le
report à 2014 de cette réforme.
Car l'inquiétude est réelle dans nos écoles aujourd'hui et ce à tous les niveaux. J'en veux pour preuve un exemple. Vous le savez sans doute,
les enseignants avaient jusqu'au 4 avril minuit pour déposer leur vœu dans le cadre du 1er mouvement pour la rentrée. Selon nos premières informations, il semble que beaucoup de postes soient mis
en jeu à Nantes en réaction à la précipitation dans la mise en œuvre de cette réforme. Si cela devait se confirmer lors des prochains mouvements cela poserait évidemment un nombre certain de
difficultés.
La Ville de Nantes ne peut faire de cette réforme un acte politique de soutien à un Premier ministre en danger. Dans toutes les villes de
France, et même dans ce Département, des élus de droite comme de gauche demandent dans leur majorité le report à 2014.
Le courage, le respect exigent ce report.
L'abandon de la semaine de 4 jours est nécessaire mais il doit être conditionné à une amélioration des conditions d'apprentissages des élèves
et des conditions de travail des personnels.
Nous parlons projet éducatif de qualité, intérêt de l'enfant, financement de la réforme, vous
répondez soutien au Premier ministre. Cela n’est pas à la hauteur de notre école et des défis qu’elle doit
relever !